Le projet architectural
L’implantation du Frac Centre-Val de Loire
Conçu au XVIIIe siècle comme lieu de détention, l’édifice original est reconverti en hospice avant de subir d’importants aménagements en vue de l’implantation dès 1837 de Subsistances militaires.
Désaffecté dans les années 1980, le lieu accueille, entre 1999 et 2006, la manifestation internationale ArchiLab. Il est ensuite choisi, lors du concours en 2006, pour abriter le Frac Centre-Val de Loire, dont l’enjeu était la réhabilitation muséographique des anciens entrepôts de l’armée d’une surface globale de 3 300 m2, avec la mise en place d’un « signal urbain ».
© Roland Halbe
Le geste architectural : Les Turbulences de Jakob + MacFarlane
L’agence Jakob + MacFarlane a mis l’accent sur une présence plastique forte en termes de signalétique urbaine. Les trois ailes des Subsistances militaires encadrent une cour d’où émerge une architecture dynamique décomposée en trois excroissances de verre et d’acier appelées les « Turbulences ». Elles sont le produit d’un travail numérique de déformation de la trame du bâtiment existant.
La structure légère et préfabriquée de cette excroissance est faite de tubes métalliques. Intégralement conçue au moyen d’outils numériques, cette architecture est recouverte d’éléments tous uniques : panneaux extérieurs en aluminium pleins ou perforés, et intérieurs en bois.
À l’origine, les Turbulences abritaient le pôle d’accueil du public, distribuant les flux de visiteurs vers les espaces d’exposition, situés dans l’édifice préexistant. Elles sont aujourd’hui devenues des espaces d’exposition, de conférences et d’ateliers. Ouverte sur le boulevard, la cour est traitée comme une piazza, un espace public, qui renforce la dynamique visuelle des Turbulences. Le projet de Jakob + MacFarlane entend conférer au Frac Centre l’image d’un lieu en évolution permanente à travers une architecture vivante et interactive.
Une architecture immatérielle : « Résonance » d’Electronic Shadow
L’extension de Jakob + MacFarlane, pensée comme une greffe sur les bâtiments existants, interagit avec l’environnement urbain, activé par une « peau de lumière » sur les Turbulences, conçue par le duo d’artistes Electronic Shadow (Naziha Mestaoui et Yacine Aït Kaci), co-lauréats du concours.
Leur proposition consiste à recouvrir une partie des Turbulences, donnant sur le boulevard, de plusieurs centaines de diodes, mettant ainsi en place une « façade média », interface dynamique entre le bâtiment et l’espace urbain. Reprenant les lignes de construction des Turbulences, cette peau de lumière interactive fonctionne en temps réel et entre en « résonance » avec son environnement à partir d’informations issues, par exemple, de données climatiques (la lumière du jour, le vent etc) ainsi que de scénarios d’animation d’images conçus par les artistes, transformant les Turbulences en « architecture immatérielle ».
« La faille », le jardin de l’agence ruedurepos
Les visiteur·euses peuvent accéder à l’arrière du bâtiment central au jardin de 400 m2, écrin végétal et minéral à l’arrière du bâtiment, conçu par l’agence ruedurepos (Christophe Ponceau et Mélanie Drevet). Intitulé « La faille », il dessine un creux et se situe sur plusieurs niveaux qui dialoguent : parterre de pouzzolane, mobilier en acier corten en-deçà du niveau du sol et végétations diverses. Le jardin accueille ponctuellement une programmation propre : exposition d’œuvres, cinéma en plein air, etc.
© Martin Argyroglo