Exposition

Reliefs

Comme métaphore de la nature, comme signe et objet mythique, la montagne convoque l’imaginaire universel. Cette « forme ultime du relief » constitue a priori pour l’architecture une pure altérité, qui entre en tension avec son programme de mise en ordre du monde.

C’est cette rencontre du rationnel avec la complexité du relief que l’exposition se propose d’explorer : la production d’espace relève tantôt du conflit, tantôt de l’alliage voire de l’hybridation de ces deux ordres. C’est ce qu’illustre la soixantaine d’œuvres présentées, au travers des glissements et stratifications du regard opérés par l’artiste Aurélie Pétrel.

À l’ère de l’Anthropocène, artistes et architectes restent les médiateurs privilégiés du paysage ; ils renouvellent notre compréhension d’un environnement désormais façonné par l’action humaine plus que par toute autre force naturelle et géologique. Si la représentation panoramique et unitaire du paysage montagneux a marqué l’entrée dans la modernité et le triomphe de l’homme sur la nature, la complexité du territoire contemporain appelle d’autres visions – entre narration, diagnostic et simulation.

Ces nouveaux récits se nourrissent des formes primitives qui, depuis les années 1960, n’ont cessé de questionner les modèles issus de la culture industrielle. Ils puisent dans la tradition expressionniste qui, au début du 20e siècle, érige la montagne en symbole d’une architecture « autonome » et empreinte de valeurs émotionnelles. Cette quête se prolonge dans l’architecture-sculpture des années 1960, qui fait du relief l’indice d’une « expérience démultipliée » de l’espace. Elle délimite un nouvel horizon topographique que les outils numériques permettent aujourd’hui de matérialiser : comme dans la formation géologique, un même mouvement engendre désormais la forme et la matière.

Domaine d’émancipation, le relief induit aussi un vertige, une forme d’instabilité du corps et des sens. Réactivant l’hyper-présence au monde de l’alpiniste à l’épreuve des sommets, artistes et architectes font de son expérience de déconditionnement la matrice d’une réinscription individuelle et collective dans l’environnement.

Entre art, architecture et expérimentation, la collection du Frac Centre est largement traversée par la question du paysage. Elle se définit comme un territoire en devenir qui, par la confrontation à des créateurs reconnus ou émergents, active des problématiques contemporaines et questionne son propre horizon.

Artistes et architectes exposés :

André Bloc, Archizoom Associati (Andrea Branzi), Biothing (Alisa Andrasek), DZ0, Pierre de Fenoyl, Günter Günschel, Andreas Gursky, Haus-Rucker-Co,
Hans Hollein, Ugo La Pietra, Chrystèle LerisseFrantišek Lesák, MATSYS (Andrew Kudless), Vincent Mauger, Objectile (Bernard Cache), Claude Parent (avec Paul Virilio, Gérard Mannoni, Gilles Ehrmann), Luigi Pellegrin, Gianni Pettena, Bas Princen, R&Sie(n), Ettore Sottsass Jr, Francis Alÿs, Armin Linke, Nicolas Moulin, Benoît-Marie Moriceau, Jorge Pedro Nuñez, David Picard, Jean-Michel Sanejouand,  Hans Dieter Schaal, Gérard Singer, Snøhetta.


Vues de l’exposition

Vues de l’exposition « Reliefs », 2015 Frac Centre-Val de Loire. Photos : Aurélie Pétrel