Critique de la ville quotidienne

Lycée Alain Fournier - Bourges

20/01/2016
27/02/2016

« Une maladie mentale a envahi la planète : la banalisation »
Ivan Chtcheglov, Formulaire pour un urbanisme nouveau, 1953

Depuis les dérives situationnistes jusqu’à la ville « Gamma » de Nigel Coates, depuis les performances de UFO jusqu’aux oasis gonflables de Haus-Rucker-Co, cette exposition intitulée en référence à la trilogie Critique de la vie quotidienne (1946, 1961, 1981) du sociologue français Henri Lefebvre, réunit un ensemble de projets qui entendent subvertir la banalité du quotidien pour provoquer un dépaysement permanent.

Dès le début de la seconde moitié du 20e siècle, plusieurs mouvements parfois antagonistes expriment une attirance pour l’homme de la rue. Si le Pop Art et COBRA cristallisent à eux seuls les deux tendances antagonistes qui étudient et réinterprètent la culture populaire pour y puiser leurs sources, d’autres s’intéressent plus particulièrement à l’environnement quotidien de « l’homme du commun ».

Entre 1950 et 1970 apparaît ainsi une nouvelle génération qui, au travers de dispositifs immersifs, d’installations, de happenings ou de projets urbains visionnaires, considère la relation entre l’homme et la ville comme le nœud d’un renouvellement des enjeux architecturaux contemporains.

Dénonçant souvent au travers d’une « esthétique du choc » une ville amorphe et ennuyeuse, ces artistes et architectes plaident pour l’émergence d’un environnement urbain sensoriel et stimulant, une ville « bouleversante » en prise directe avec la psyché et les émotions de celui qui la parcourt.

Loin de cette image abstraite et désincarnée d’un « homme moderne » réduit à un usager-type, ils expriment une volonté de retour à l’individu envisagé comme sujet sensible. À la froideur fonctionnaliste, au ravissement technophile et aux solutions industrialisées, ils opposent la fugacité de l’événement, la réappropriation subjective des espaces et le bouillonnement sanguin d’une ville organique qui bat au rythme de ses habitants.