Clarisse Hahn

Clarisse Hahn est diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2001. Elle dit appartenir autant à la sphère du documentaire qu’à celle de l’art contemporain. Dépassant la quête voyeuriste et le constat sociologique, elle conçoit des œuvres dont la composition artistique met en lumière l’humanité de l’autre. Du monde professionnel de la pornographie (Ovidie, 2000) au désœuvrement codifié des jeunes marginaux (Boyzone, 1999), en passant par la dépossession du corps des patients des hôpitaux gériatriques (Hôpital, 1999), l’œuvre de Clarisse Hahn semble hantée par l’idée que l’identité morale et corporelle dépend du groupe social. Les travaux récents de l’artiste prennent pour point de départ une problématisation des ambivalences de l’image documentaire. Les tensions qui se jouent entre celles et ceux qui occupent la surface de l’image et l’œil qui les regarde constituent le cœur de sa réflexion.

Princes de la rue, 2021

« J’ai appelé ma série les Princes de la rue car il y a beaucoup de majesté dans leur allure. Elle résulte d’une théâtralisation poussée de leurs comportements qui passe par le soin qu’ils prêtent à la fois à leur tenue vestimentaire et à leur gestuelle. »

– Clarisse Hahn
Cette série photographique donne à voir le quotidien d’hommes vivant dans l’environnement clos du quartier de Barbès à Paris. Elle s’inscrit dans son travail sur les Boyzones, commencé en 1998 et centré sur les attitudes et archétypes masculins entourant la question de la virilité. Dans cette série à la lisière du documentaire, fruit de trois années d’immersion, la caméra de Clarisse Hahn opère un va-et-vient constant entre distance formelle et proximité physique. Les attitudes fortes observées dans la rue, lieu où les corps sont particulièrement vulnérables, trouvent du répit dans des scènes d’une intimité rare prises au domicile de la photographe.

Princes de la rue, 2021 Série photographique, tirages argento-numériques, 100 x 150 cm Courtesy de l'artiste